Dans ses entretiens avec son ami et biographe Henry Churchill, l’Émir Abdel Kader a donné les emplacements exacts des sept forteresses qu’il a construites en application d’une audacieuse stratégie de blocage des troupes coloniales afin de les empêcher d’envahir plus de terres (voir carte ci-dessous).

Malheureusement, les multiples trahisons de certaines puissantes tribus, des Kouloughlis et des anciennes troupes Makhzen des Turcs lui ont été fatales. Chaque forteresse était conçue pour résister aux puissants canons des envahisseurs français. A Saïda, les murs avaient une épaisseur de plus de 1,80 m et une longueur totale de plus de 843 m. Profitant du traité de paix de 1847 signé avec Clauzel, l’Émir avait recruté des techniciens étrangers (français, espagnols, et d’autres nationalités). Il avait également procédé à l’achat de grande quantité de munitions et de matériaux divers en France même, en Espagne et même en Angleterre. La forteresse de Tagdempt, à l’est de Mascara, protégeait sa capitale et avait bénéficié des techniques de construction avancée s pour l’époque. Un officier français, prisonnier à Tagdempt, a témoigné de tout cela mais également de son admiration pour les hautes valeurs morales de l’Émir et de la manière qu’il traitait les prisonniers ennemis.

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Emplacements des sept forteresses de l’Émir Abdel Kader. © Hassen Ksantini

Perché sur les hauteurs stratégiques des gorges du Vieux-Saïda, le site de la forteresse de l’Émir Abd el-Kader témoigne d’une époque de résistance et d’ingéniosité militaire face à la conquête coloniale française. Ce camp fortifié, établi par l’Émir et ses troupes, servait de bastion défensif et de centre de commandement, abritant soldats, artisans et civils engagés dans la lutte pour la liberté.

Construite avec les ressources locales, la forteresse exploitait intelligemment le relief escarpé pour se protéger des assauts ennemis. Aujourd’hui, bien que les vestiges soient rares et érodés par le temps, le site reste chargé d’histoire. Il invite à une réflexion sur les stratégies militaires, l’organisation de la résistance et la vie quotidienne des combattants de l’Émir dans un environnement naturel aussi majestueux qu’hostile.

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Vestiges au 19e siècle de la forteresse de l’Émir Abdel Kader. © Inconnu

Sous un ciel clair, les derniers vestiges de la forteresse de l’Émir Abd el-Kader se fondent dans le paysage rocailleux des gorges du Vieux-Saïda. On distingue encore quelques traces des murailles de pierre, construites pour résister aux attaques. Au loin, un sentier escarpé serpente entre les falaises, témoin des passages répétés des cavaliers de l’Émir.

Dans l’ombre des reliefs, un aigle royal plane majestueusement, rappelant la vigilance permanente qui régnait en ces lieux autrefois. Au sol, des éclats de silex et des restes de foyers racontent le quotidien des hommes ayant vécu et combattu ici. Un lieu chargé de mémoire, où chaque pierre semble murmurer l’histoire d’une époque de luttes et de courage.

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L(Émir Abdel Kader sur son cheval. © inconnu

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